Le yuccie, cette illusion d'optique



Les hipsters, c'est fini, jure Libé. La race barbue biberonnée à la bière artisanale, au burger maison shopé dans les food trucks du quartier et aux BD reportages cèderait la place à une nouvelle bestiole : le YUCCIE ou young urban creative, cocktail exotique de hipster et de hyuppie. Traduction : un mec (un peu) cultivé, créatif (of course) qui rêve de grimper en haut de l'affiche, de se faire un max de blé et ne cherche pas trop à l'enrober dans du papier kraft écolo.

"Avec les mots-clés photo+bières+Bagnolet, le doute n’est plus permis : nous sommes bien en présence d’un yuccie. 
Ils veulent du sens. Ils veulent être et travailler à la fois. Ils veulent de la créativité, mais une carte Gold aussi." in Libé

Soyons clair : le hipster n'est pas mort. Il se ripoline juste la façade, tout comme le bobo a été rebaptisé hipster le jour où lui est apparu le poil au menton. Devenu trop mainstream grand public, l'un puis l'autre ont perdu de leur aura et donc de leur intérêt : quand un symbole de hypittude apparaît en grand format sur une pub Macif , tu sens bien que le dit symbole est cuit.
Bon, même en les examinant à la loupe, les différences entre le bobo, le hipster et le yuccie sont loin d'être flagrantes :

  1. Les trucs sains, l'herbe, les ballades au grand air, le bio
  2. Les cultures du bout du monde,  les produits snobs
  3. La vie en communauté,  réelle ou virtuelle,  les réseaux,  l’entre-soi
  4. Le bon goût vestimentaire.

En gros, ce sont les nouveaux snobs. Bobo, hipster ou yuccie, les différences minimes sont celles induites par la tendance et l’évolution de la société (l'hypertension connexion a transformé le bobo en yuccie). Mais globalement, rien ne change. Le yuppie c’était un séisme. Après le hippie peace and love, un ovni débarquait, les cheveux coupés et lisses, bien rasé, hurlant qu’il venait faire du fric et conquérir le monde. Il s'intéressait plus aux paradis fiscaux qu'aux paradis tropicaux. C’était la face obscure du baba cool, son double maléfique, celui qui se fichait du respect des autres cultures comme de sa première carte Caviar, qui ne se pensait qu'en avoir(s). Il engendra un petit frère, le métrosexuel.

A son tour, le bobo a mis le yuppie cul par dessus tête, cisaillant les bases du golden boy à coups d'introspection, de quête de sens, d'esthétisme délicat et d'empathie, cherchant à concilier être et avoir. Le normcore, le hipster, le yuccie, n'en sont que des dérivés, évoluant avec les modes gastro, vestimentaires, les avancées technologiques. Mais point de remise en question fondamentale.

Tout ça pour dire que la nouvelle race est en marche : le Victor, ou Victorian et organic. Un mélange de dandy victorien et de puriste, les deux étant loin d'être incompatibles. Le Victor va chercher le raffinement et les sensations brutes, la tradition, les rituels, les légendes pour les intégrer à son rêve de pureté et de naturel, mélanger la richesse de la matière et le spirituel. Il redécouvre avec ravissement les codes bourgeois mais ne veut plus les vider de leur sens. Il revient à une culture traditionnelle, aristocratique. Le Victor est le nouvel OVNI : il veut retrouver et léguer. 

stelda

6 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas encore le YUCCIE.

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    1. C'est nouveau, ça vient de sortir (il y a 6 mois environ).

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  2. Encore un nouveau nom pour parler d'un truc qui est sensiblement le même, finalement. J'avais réussi à intégrer les twees, maintenant ce sera donc les Victor(s). C'est fatiguant d'essayer de se tenir au courant des tendances...
    Bises,
    Maeve

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    1. C'est épuisant, en fait ! Le twee est un mouvement intéressant aussi :)

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  3. Merci, au moins nous sommes au courant :)

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