mercredi 30 novembre 2016

Qui veut la peau d'Imogen Tate ?



"Personne ne se parle au téléphone. Fais-moi un mail. Ou un texte. Je gère cinquante trucs à la fois, alors s’il te plaît, ne m’appelle pas." Eve Morton, in Qui veut la peau d'Imogen Tate

J'ai passé la nuit sous la couette en compagnie d'une femme charmante : Imogen Tate, 42 ans, la rédactrice en chef du grand magazine Glossy. Aussi respectée qu'Anna Wintour, elle a le 06 de tout le Gotha fashion. Elle retrouve le chemin du bureau après un long congé maladie. Problème : son assistante Eve a pris sa place. Elle a aussi pris le melon. Et accessoirement, elle a décidé de transformer le magazine sur papier glacé en appli de e-commerce, chaque page de contenu étant bourré jusqu'à la gueule de native advertising publicité intégrée. Après un moment de flottement, Imogen décide de plonger dans ce monde en version 2.0 pour sauver l'âme de son magazine. Mais qui gagnera ? Le dinosaure qui ne connaît pas Instagram ou la jeune diplômée de Havard aux (faux) Louboutin qui rayent le plancher ? 
Les deux journalistes Lucy Sykes et Jo Piazza ont troussé un roman léger autour d'un drame bien réel : le miroir du web omniscient. Plus qu'un choc des générations, elles démontent un choc de modes de vie et de pensées. Là où Imogen a bâti sa carrière sur une confiance et un respect mutuel noués avec les stylistes, les photographes et ses collaborateurs, Eve est persuadée que tout cela n'est qu'une perte de temps. A quoi bon prendre en considération les sentiments des gens quand il suffit de leur montrer en trois coups de tableaux Excel qu'il y a du fric à se faire ? 
Si le journalisme de mode sert de toile de fond à l'histoire, c'est surtout la révolution numérique et la nouvelle économie qui en prennent ici pour leur grade. La scène où les auteurs décrivent un rassemblement de startupeurs est très drôle. Et celle où Imogen gagne 9800 followers après s'être emmêlé les pinceaux sur Twitter épingle gentiment la folie des réseaux sociaux.


Qui veut la peau d'Imogen Tate, de Lucy Sykes et Jo Piazza, éd. Stock, 414 p., 22 €.


4 commentaires:

  1. Comme j'avais adoré Le Diable s'habille en Prada, celui ci pourrait m'attirer

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu y trouveras le même esprit mais avec une situation inversée et c'est assez drôle.

      Supprimer
  2. Ça a l'air trop bien. Tu me le prêtes ? Je n'ai plus rien à lire... (Ce mensonge est aussi gros que moi, j'avoue). Bisous,
    Maeve

    RépondreSupprimer